CONSEILS PRATIQUES

L’étude d’une église de la période médiévale suppose que le bâtiment ait été peu modifié et que le plan originel, ou du moins celui de son état avant la fin du XIIIe siècle soit connu. Au-delà, les convictions religieuses ayant largement évolué, il est peu probable que les principes de fondation à forte connotation symbolique aient été appliqués.

Bien que les constructions médiévales ne soient pas souvent des exemples de perfection, il est important de disposer d’un plan coté précis. Les métrés, les relevés au décamètre et encore mieux au télémètre offrent seuls des garanties. Les plans anciens (voir récents) ne sont pas toujours fiables. De plus il vaut mieux bannir les plans simplement accompagnés d’une échelle car la précision est insuffisante et les déformations fréquentes au tirage.

La mesure la plus délicate est celle de l’orientation. La précision souhaitée étant meilleure que le demi-degré, les relevés à la boussole sont incertains (forte variabilité de la déclinaison locale). Le moyen le plus pratique est d’opérer à la façon des fondateurs, c’est-à-dire avec le soleil. Connaissant la longitude et la latitude du lieu, l’heure exacte à laquelle le soleil frise sur un mur ou donne une ombre portée mesurable, permettra de calculer la position du soleil, partant celle de l’église. Les GPS sont d’un bon secours pour obtenir la longitude et la latitude, sinon les cartes restent parfaitement exploitables. Le GPS peut, dans certaines circonstances, offrir le moyen de relever l’orientation de l’axe d’une église à condition qu’il soit possible d’effectuer une visée à une grande distance puisque la précision géographique GPS est de l’ordre de 5m.

Le calcul de la hauteur du soleil à midi au jour de fondation est un autre impératif. Il conviendra toujours de la calculer pour le jour et l’année de fondation (fête du saint) et de donc de tenir compte du changement de calendriers (julien-grégorien). Le mieux est de travailler avec un programme qui tienne compte de cette adaptation. L’Ombre du Poteau et le Carré de  la Terre contient une table de conversion qui peut être utilisée, d’autre part, un programme de calcul simple est proposé dans la rubrique “Aides“.

Attention aussi au saint patron ! Certains changements sont intervenus au fil des siècles. Une vérification s’impose toujours. Saint Roch, par exemple, ne peut pas être le “vrai“ patron d’une église romane. Ce vénérable saint, fort populaire autrefois, vécut au XIVe siècle. Autre exemple, la priorale de Paray le monial est certes placée sous le vocable du Sacré-Cœur, mais la Vierge est, architecturalement parlant, sa vraie patronne…

Pour le reste, en plus d’une calculette, de papier, crayon, compas ou d’un moyen informatique de dessin, une bonne révision des principes (classiques) de géométrie, des règles simples de trigonométrie et des propriétés des polygones réguliers est évidemment souhaitable !

Lors d’une étude, le bien fondé de la solution obtenue ne pourra être assuré que si la valeur du pied retenu produit des nombres symboliques remarquables et si, de plus, ces nombres permettent une orientation et un tracé géométrique simple et précis conformes à la réalité.